Moïra Mikolajczak, Ph.D. & Isabelle Roskam, Ph.D.
Une maman qui a un conjoint qu’elle perçoit comme peu soutenant dans l’éducation des enfants a plus de risques de faire un burnout parental qu’une maman solo !
Le saviez-vous : une maman qui a un conjoint qu’elle perçoit comme peu soutenant dans l’éducation des enfants a plus de risques de faire un burnout parental qu’une maman solo ! C’est ce que vient de montrer une étude sous presse conduite par Astrid Lebert-Charron (Université de Paris). Ces résultats corroborent l’adage selon lequel « il vaut mieux être seul.e que mal accompagné.e ».
Incroyable ?
Pas tant que ça… Ces résultats en rejoignent en effet d’autres qui montrent que les femmes vivant dans des pays dits « égalitaires » sont plus frustrées de l’absence de soutien parental de leur conjoint que les femmes de pays traditionnels qui portent à elle seul toute la charge des soins et de l’éducation des enfants.
Si vous avez l’impression que votre conjoint ne vous aide pas assez, cette perception est possiblement vraie : des études montrent que, même dans les pays dits égalitaires, les femmes assument encore aujourd’hui 65% des tâches parentales.
La faute aux hommes qui ne s’impliquent pas ? Pas si simple !
Premièrement, contrairement aux femmes qui ont été socialisées au rôle parental dès leur plus jeune âge (on leur offre des poupées à langer, à habiller, à maquiller, des poussettes, des baignoires pour poupées…), les hommes apprennent ce rôle « sur le tas » (comprenez : une fois qu’ils deviennent père). Il est donc plus couteux pour eux.
Vous en doutez ? Imaginez un homme et une femme ayant le même QI. Déposez devant eux le bois et les outils nécessaires et demandez-leur de construire une étagère. A qui cela demandera-t-il le plus d’efforts ? A la femme qui n’a jamais rien fait de tel ou à l’homme qui a joué aux Légo et a bricolé avec son père?
Pratiquer une tâche régulièrement permet de développer certains automatismes qui réduisent le coût psychique et physique de la tâche.
En règle générale (il y a évidemment des exceptions), les femmes ont été davantage socialisées aux tâches de la parentalité que les hommes. A charge égale, ces tâches sont donc, actuellement, plus couteuses pour les hommes que pour les femmes. Mais cela va changer. D’abord, parce que les petits garçons d’aujourd’hui voient leurs pères beaucoup plus impliqués que leur propre père avant eux. Ils ont donc un modèle. C’est mieux, mais cela ne suffit pas. Il serait également bénéfique de réduire le coût de la paternité des hommes en les socialisant dès le plus jeune âge à « prendre soin ».
Deuxièmement, les femmes ne laissent pas toujours les hommes s’impliquer. Les hommes sont alors dans le rôle de la victime consentante. Consentante parce qu’ils n’insistent pas plus que cela pour prendre leur place… mais victime car beaucoup souffrent néanmoins de ne pas avoir assez de place… Et quand les femmes laissent les hommes s’impliquer, beaucoup d’hommes disent qu’elles se plaignent de la manière dont ils le font (« tu ne devrais pas faire comme ça » « Ah tu as cuisiné et maintenant, la cuisine est un capharnaüm » « Tu as donné le bain et tu n’as même pas essuyé l’eau par terre, on pourrait glisser »). Par conséquent, certains finissent par jeter l’éponge…
Tout ce qui précède ne doit cependant pas occulter qu’une partie des pères partagent la charge parentale à égalité… et que d’autres en assument même la majeure partie. Ces pères-là sont ceux dont on parle le moins. Car on parle souvent des mères qui assument leurs enfants seules. Mais rarement des pères qui assument leurs enfants tous seuls. Et pour cause : ils se font discrets. Beaucoup disent avoir honte. Honte de le dire, même à leurs copains. Honte de passer pour un soumis. Honte d’être perçus comme pas assez virils. Honte de passer pour « le papa poule ».
Ces perceptions illustrent la nécessité de changer les mentalités. Car qu’y a-t-il finalement de plus viril qu’un homme qui mouille sa chemise pour sa famille ?