Le sommeil se modifie tout au long de la vie. Un nouveau-né ne dort pas comme un enfant de 5 ans, un adolescent, ou un adulte de 40 ans ! Tant la durée que l’architecture intra-sommeil se modifie tout au long de notre évolution et de la maturation de notre cerveau. Si le sommeil se stabilise à l’âge adulte, il subit à nouveau des modifications autour de 65 ans. Le sommeil devient globalement plus fragile et a tendance à diminuer en termes de qualité et de quantité.
La production de la mélatonine est moindre, amenant éventuellement des problèmes d’endormissement. Le temps de sommeil profond ainsi que le sommeil paradoxal diminue, tandis que le sommeil léger augmente. De nombreux éveils peuvent apparaitre en cours de nuit. En parallèle, la pratique de la sieste a tendance à nettement augmenter en journée. Concernant le besoin de sommeil, il se maintiendrait globalement dans le temps même si dans les faits, beaucoup de personnes affirment avoir besoin de dormir moins qu’avant.
Si l’évolution du sommeil avec l’âge est une donnée biologique connue, les ressentis face à ces modifications sont bien plus individuels. Toutes les personnes âgées ne dorment pas de la même façon, et par ailleurs n’évaluent pas leur sommeil avec la même précision. Cela donne des vécus et des témoignages très différents : certaines personnes ont l’impression de dormir 8h d’une traite comme avant (reste à savoir si elles ont une bonne perception de leur sommeil ou pas), d’autres ont une grande conscience de la modification de leur sommeil avec l’âge et vivent leur éveils nocturnes comme pénibles.
A cela nous pouvons rajouter les difficultés suivantes :
- Les pathologies liées à l’âge. Plus on avance en âge, plus on a de chances de développer des problèmes de santé. Citons le diabète, l’hypertension artérielle, les maladies dégénérescentes ou encore l’arthrose, qui viennent interférer avec le sommeil ;
- La médication. Beaucoup de personnes âgées prennent une médication, et celle-ci peut interférer avec le sommeil, en plus de générer de la fatigue ou de la somnolence en journée. De plus, parmi ces médications, nous retrouvons souvent des somnifères de type benzodiazépine, qui peuvent participer à maintenir voire aggraver le problème ;
- Le temps passé au lit. Que ce soit à cause de douleurs, d’une perte de mobilité, d’ennui, voire de dépression, la personne âgée a tendance à passer énormément de temps dans son lit en étant éveillée, ce qui défavorise le conditionnement lit-sommeil et est donc susceptible de provoquer des problèmes d’insomnie.
Quand nous prenons tous ces facteurs en considération, nous comprenons qu’il n’est pas facile d’y voir clair ! Rappelons-nous que le critère le plus important sur lequel se baser est la manière dont la personne va vivre sa journée, et les pistes à explorer dépendent de la plainte de la personne et de sa situation globale.
Les pistes principales consistent à :
- Essayer d’avoir la vue la plus exacte possible de son sommeil (éventuellement avec l’utilisation d’un agenda du sommeil) ;
- Comparer ce sommeil avec le sommeil normal d’une personne de son âge ;
- Dégager toutes les pistes qui pourraient expliquer autrement que par le sommeil une fatigue ou une somnolence (médication, troubles organiques ou psychologiques) ;
- Expliquer à la personne comment évolue le sommeil avec l’âge (somno-éducation) et ajuster les éventuelles attentes;
- Se pencher sur les activités de la personne en journée : est-elle suffisamment occupée, stimulée ? A-t-elle une activité physique (adaptée à son âge ou à sa santé?)
- Se pencher sur l’hygiène de sommeil: quelle est sa consommation d’excitants, d’alcool, a-t-elle un environnement de chambre à coucher agréable ?
- Ne passe-t-elle pas trop de temps au lit? Ne fait-elle pas trop de siestes (ou une sieste trop longue) en journée ?
Si la présence d’insomnie est avérée, les principes de la TCCI s’appliquent et peuvent être très bénéfiques. Il ne faut donc pas hésiter à orienter la personne vers un professionnel qui pourra la prendre en charge.