Et si prendre soin des parents devenait une priorité ?
Chaque année, le 1er juin marque la Journée Mondiale des Parents. Une journée pour reconnaître, valoriser, honorer le rôle essentiel qu’ils jouent dans la vie de leurs enfants et dans nos sociétés. Une journée de gratitude. Et pourtant, il existe une réalité plus discrète, plus difficile à reconnaître : celle de l’épuisement que vivent tant de parents aujourd’hui.
Être parent n’a jamais été une tâche simple. Mais dans le monde actuel, cette mission est devenue particulièrement exigeante. Les attentes sont immenses, les pressions multiples, souvent contradictoires. Être parent à l’ère des réseaux sociaux, de la crise climatique, des évolutions technologiques toujours plus rapides, et de l’accès facilité aux drogues, ajoute un certain nombre de défis à un rôle déjà complexe. Il faut être attentif, bienveillant, stimulant, protecteur sans être étouffant, ferme sans être autoritaire, disponible sans être débordé.
C’est dans un contexte de trop de stress que le burnout parental s’installe, lentement, insidieusement. Ce n’est pas une simple fatigue, ni un passage à vide. C’est un état d’épuisement profond, dans lequel le parent ne se reconnaît plus. Il se sent vidé, à bout de souffle, détaché émotionnellement de ses enfants, comme si le lien s’était distendu malgré lui. Il doute de ses capacités, culpabilise, se sent saturé et finit par ne plus se reconnaître en tant que parent.
Alors, pourquoi ne pas profiter de cette journée pour parler de cette réalité aussi ? Pourquoi ne pas célébrer les parents en reconnaissant leur vulnérabilité, en leur donnant l’espace de dire que parfois, ils n’en peuvent plus ? Il ne s’agit pas de noircir le tableau, mais de sortir d’une image idéalisée de la parentalité qui peut engendrer beaucoup de souffrance. Aimer ses enfants n’immunise pas contre l’épuisement. On peut être un bon parent et se sentir au bout du rouleau. On peut aimer profondément ses enfants et rêver, certains jours, d’évasion.
Reconnaître cela, ce n’est pas fragiliser la parentalité, c’est lui redonner toute son humanité. Et si nous changions de regard ? Si, au lieu d’attendre des parents qu’ils tiennent coûte que coûte, nous leur permettions de souffler, de parler, de se reposer, d’être aidés ? Ce serait peut-être cela, le plus beau cadeau à leur faire : les autoriser à être imparfaits, à dire leur fatigue, à chercher du soutien sans craindre d’être jugés.
En cette Journée mondiale des parents, rendons hommage à tous ces mères et pères qui tiennent bon, souvent dans le silence. Et ouvrons, collectivement, un espace pour qu’ils puissent dire : « Je n’en peux plus », sans que cela remette en question leur amour ni leur engagement. Car prendre soin des parents, c’est aussi prendre soin des enfants.